Le nombre des arrêts maladies a bondi de 8% en 2022, pour un coût total de plus de 14 milliards d'euros pour l'assurance-maladie.
Le gouvernement veut accentuer les contrôles par les entreprises.
Un seul avis médical sera désormais requis pour le retour des salariés au travail.

Leur nombre ne cesse d'augmenter depuis 10 ans, et a même bondi de 8% en 2022. Une recrudescence qui porte le coût pour l'assurance-maladie à 14,6 milliards d'euros. L'objectif du gouvernement est désormais d'accentuer les contrôles par les entreprises. "C'est du flicage quand même, donc je ne sais pas si c'est une bonne chose", réagit une dame dans le reportage de TF1 en tête de cet article. Un homme reconnaît que "ça paraît brutal", mais que "si ça dissuade, c'est ce qu'il faut faire".

Selon les informations recueillies par TF1, le gouvernement s'apprête à changer les règles en vigueur. Aujourd'hui, quand un employeur diligente un médecin chez un salarié dont le congé-maladie lui paraît suspect, et que celui-ci le déclare apte à travailler, il faut une contre-expertise pour valider ce premier avis. Demain, selon le projet de l'exécutif, ce ne sera plus le cas : le salarié perdra immédiatement ses indemnités journalières, et devra retourner au travail. 

Il n'y a pas assez de médecins du travail, ni de médecins inspecteurs
Benoît Serre, vice-président de l'association nationale des DRH

Benoît Serre, vice-président de l'association nationale des DRH, rappelle que ces contrôles sont rares aujourd'hui, car complexes à mettre en œuvre. "D'abord, il faut que l'entreprise se saisisse, et justifie pourquoi elle pense" que le congé-maladie du salarié est infondé, explique-t-il au micro de TF1. "Mais surtout, il faut qu'elle trouve un interlocuteur", souligne-t-il, "et c'est la grande difficulté, parce qu'il n'y a pas assez de médecins du travail, ni de médecins inspecteurs"

De leur côté, les médecins contactés par TF1 s'inquiètent de la mise en place d'un tel dispositif, et notamment de l'absence de recours pour leurs patients. "Imaginez par exemple qu'il y ait un conflit entre l'employeur et l'employé", décrit la généraliste Agnès Giannotti, "et qu'il y ait une souffrance morale comme on en voit souvent, il faut en tout cas qu'il y ait possibilité de consultation facile s'il n'est pas d'accord, et qu'il retrouve ses indemnités journalières".

Les médecins généralistes sont, eux aussi, ciblés par des contrôles, et accusés de prescrire trop d'arrêts-maladie. 5.000 d'entre eux vont d'ailleurs être convoqués par l'assurance-maladie. Par ailleurs, le gouvernement veut interdire la prescription des arrêts de travail de plus de trois jours par téléconsultation lorsque le patient n’est pas connu par le médecin.


La rédaction de TF1info | Reportage Caroline Bayle, Thierry Valtat, Antoine Conil

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